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La petite école des rangs

Autrefois, c'est-à-dire avant les grandes transformations qui viennent après 1945, la petite école était à l'honneur dans les campagnes madawaskayennes, et ce, depuis le milieu du XIXe siècle. L'évolution historique de ces petites écoles rurales n'est pas facile à retracer. Nous savons qu'avant le règlement de la question des frontières entre le Maine et le Nouveau-Brunswick en 1842, aucun gouvernement ne voulut investir des fonds scolaires dans cette région du Nord-Ouest contestée juridiquement. Ce n'est donc qu'à partir du milieu du XIXe siècle que le gouvernement du Nouveau-Brunswick commença à se préoccuper du développement du Madawaska, placé sous sa juridiction, et à encourager les localités à ouvrir des écoles. Les rapports des inspecteurs des écoles donnent un petit aperçu de la situation scolaire à la fin du XIXe siècle. En 1866, il y avait 17 petites écoles dans la région madawaskayenne; en 1887 on en comptait 34. Dans le rapport de 1888, l'inspecteur J. Boudreau écrit que « les anciens bancs et les longs pupitres autour des murs disparaissent graduellement et sont remplacés par de nouveaux sièges, pupitres doubles ».

La plupart des Madawaskayens nés avant 1945 ont fréquenté jusqu'à l'âge de 13 ou 14 ans l'école des rangs à un ou deux départements avec ses commodités plus que rustiques : bécosse à l'extérieur, poêle à bois entouré de bancs doubles garnis d'encriers, de petits coffrets à crayon et d'ardoises, chaudière d'eau potable dans un coin, plancher de bois...

Ce sont quelques-uns des souvenirs que l’on aime à évoquer encore aujourd'hui. Pour certains, le bonheur des enfants fréquentant ce petit château dépendait beaucoup de la reine du milieu, la maîtresse d'école. On se la représente soit sur le seuil de la porte la cloche à la main, soit assise à son pupitre toute attentive aux « ba-be-bi-bo-bu » qu'un marmot défriche avec difficulté, ou debout au tableau à expliquer les fractions et l'accord des participes ou à diriger des concours de calcul rapide. Le pointeur menaçant ou la terrible « strappe » sont parmi les souvenirs malheureux que l'on garde parfois de ses années à la petite école, il faut l'admettre. Ce qui n'empêche que la plupart éprouvent une certaine nostalgie à la pensée de cette époque où les enfants étaient heureux d'aller à l'école nu-pieds, d'entrer le bois ou d'effacer le tableau noir pour la maîtresse d'école, de s'entendre dire « passe à la tête », puis de revenir à la maison le soir pour aider au « bardat », avant de se remettre à ses devoirs et à l'étude de ses leçons du lendemain, à la lumière d'une lampe à térébenthine ou, pour les privilégiés, de la lampe aladdin.

G. Desjardins
1989
Université de Moncton campus d'Edmundston Société Historique du Madawaska Ville d'Edmundston Patrimoine Canadien