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L'Hôtel-Dieu de Saint-Joseph, Saint-Basile, N.-B.

"L'établissement de l'Hôtel-Dieu de Saint-Basile, clôt l'âge de fer du Madawaska et marque l'aurore d'une ère véritable de progrès."

T. Albert, Histoire du Madawaska, p. 273

Cette remarque de l'abbé Albert sur "l'âge de fer du Madawaska" est difficile à accepter par ceux qui savent que la région a connu une réelle prospérité économique entre les années 1820 et 1870. Par contre, il faut dire qu'à cette époque la population établie sur les deux rives du haut Saint-Jean ne jouissait pas encore des services de santé et d'éducation supérieure. À leur sortie de la petite école, les jeunes garçons devaient s'en aller à l'extérieur pour poursuivre leurs études. Les jeunes filles avaient été privilégiées par l'ouverture, en 1857, de l'Académie de Madawaska dirigée par les Soeurs de la Charité, de Saint-Jean, N.-B. Or la Loi des Écoles neutres de 1871 et la récession économique qui sévit en Amérique en cette première décennie de la Confédération canadienne provoquent la fermeture de l'Académie. La société madawaskayenne vit peut-être alors son "âge de fer"; elle aurait besoin d'institutions dont la vocation serait de soigner les malades et d'éduquer les jeunes.

Une hospitalière de Saint-Joseph, Soeur Virginie Davignon alors en mission à Chatham, entend parler du Madawaska et croit qu'il est du devoir de sa Congrégation d'aller prendre la relève des Soeurs de la Charité et d'y fonder un hôpital. Encouragées par Mgr Rogers, évêque de Chatham, les supérieures de l'Hôtel-Dieu de Montréal acceptent le projet; Soeur Davignon et six compagnes arrivent à Saint-Basile en octobre 1873. L'intrépide fondatrice décède, à l'âge de 50 ans, quatre mois après son arrivée; dans ce court laps de temps, elle avait réussi à rouvrir l'Académie et à planifier la construction d'un hôpital. La jeune Alphonsine Ranger dite Soeur Maillet (1846-1934) devient alors le pilier de l'institution naissante. Soutenue par une foi inébranlable, celle que l'on appelait le "petit docteur" empêche l'abandon de la mission et lui fait prendre un essor remarquable à partir des années 1880. Fermement soutenue par le jeune curé Louis-Napoléon Dugal (1857-1929), Sœur Maillet n'épargne rien pour répondre aux besoins du milieu. Une briquerie est même installée afin de pouvoir agrandir ou construire hôpital, orphelinat, pensionnat et école. L'expropriation, en 1907, du terrain de la briquerie pour le passage de la ligne du Transcontinental place le couvent sur la "butte à Major" dans une situation financière précaire. Les œuvres se maintiennent et se développent malgré tout; le "Petit Collège de Mgr Dugal", entre autres, atteint une haute renommée.

Les premières Hospitalières du couvent de Saint-Basile sont disparues, mais d'autres sœurs ont continué leurs œuvres et ont été de véritables innovatrices : école d'infirmières en 1943, construction d'un hôpital moderne à Edmundston et d'un sanatorium à Saint-Basile en 1946, et ouverture d'un collège pour jeunes filles en 1949.

G. Desjardins
1989
Université de Moncton campus d'Edmundston Société Historique du Madawaska Ville d'Edmundston Patrimoine Canadien