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Un paradis de chasse et de pêche

La chasse et la pêche, aujourd'hui activités sportives au Madawaska, étaient autrefois pratiquées par des gens qui en dépendaient pour leur subsistance. De fait, les Malécites, premiers habitants de la région, vivaient essentiellement de la chasse et de la pêche. On sait qu'ils eurent des démêlés avec des marchands canadiens du Kamouraska, les Robichaud, qui cherchaient à étendre leur réseau de commerce des pelleteries dans le territoire des Madoueskaks. Il faut aussi reconnaître que la colonisation du Madawaska à partir de 1785 a beaucoup affecté le mode de vie des autochtones. « Il n'y a pas de sauvages cette année-ci dans Madawaska, qu'une douzaine tout au plus qui chassent presque toujours », écrit le curé-missionnaire A.T. Lagarde, le 20 février 1818. « Les sauvages ont bien de la peine à vivre ces années-ci parce que la chasse manque », constate le curé M. Ringuet dans une lettre du 27 mars 1824. Les causes de ces problèmes? Le défrichement et le recul de la forêt, évidemment, mais il y a plus : la concurrence des Blancs établis au Madawaska. En effet, même si les colonisateurs acadiens et canadiens sont d'abord agriculteurs, ils comptent eux aussi sur les produits de la chasse pour les « nourrir et les vêtir »; en certains temps, comme en 1797 notamment, l'année de « la misère noire », la survie de la colonie dépendait presque totalement de la chasse.

De plus, le système d'échanges alors en vigueur, le troc, était fondé sur la pelleterie et non sur la monnaie. « Les dépenses à faire sont ici exorbitantes (…) tout (est) payable en pelleteries », écrit l'abbé C. Hott, le 18 décembre 1804. Il est donc probable que la plupart des pionniers surent tirer profit de la richesse de la faune du Madawaska, ce « pays des porcs-épics ». On adoptera même cet industrieux petit animal avec la devise « Qui s'y frotte, s'y pique » comme emblème de la légendaire République. Avant de devenir l'emblème du Madawaska, le porc-épic a peut-être trouvé place sur la table des gourmets au même titre que l'orignal, le chevreuil, le lièvre et la perdrix?

Si la chasse a été au début de la colonie une activité économique importante, on ne peut en dire autant de la pêche. Dans son journal de voyage de 1812, l'évêque de Québec, Mgr Plessis, écrit que la rivière St-Jean est « la plus dépourvue de poisson qu'il y ait peut-être au monde (…). Il y a, à la vérité, une pêche de saumon au pied de la chute nommée le Grand-Sault, mais ce Grand-Sault est à onze lieues au-dessous de l'église de Saint-Basile ». Les Madawaskayens n'étaient certainement pas appelés à une vocation de pêcheurs comme le furent leurs compatriotes acadiens de la côte. Ce qui n'empêche que nombreux sont ceux qui, aujourd'hui comme hier, se plaisent à taquiner la truite et autres petits poissons dans les nombreux lacs, rivières et ruisseaux de la région.

G. Desjardins
1989
Université de Moncton campus d'Edmundston Société Historique du Madawaska Ville d'Edmundston Patrimoine Canadien