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La culture de la pomme de terre

La culture de la « patate » occupe un espace important dans les champs des premiers cultivateurs de la vallée du Saint-Jean. C'est du moins ce que l'on peut déduire des rares documents de l'époque. Notre première source date de 1799 : les habitants de Saint-Basile de Madawaska réclament un prêtre résidant et promettent de lui donner chaque année « 150 boisseaux de blé, 25 de pois, 25 d'avoine et 150 de patates ». La correspondance des curés fournit également quelques bribes de renseignements sur la vie dans le milieu. « J'aurai cette année environ 1 000 boisseaux de patates et je ne peux trouver à les vendre (...) il y a apparence que les patates sont bonnes pour la santé », écrit l'abbé L. Marcoux, le 13 avril 1818.

Au milieu du XIXe siècle, la culture de la pomme de terre prend une importance grandissante. À la première exposition régionale tenue le 20 octobre 1859 à Saint-Basile « sur les terres à Joseph Cyr à Michel », des prix sont donnés aux producteurs des meilleures « patates certifiées, hâtives et intermédiaires (Irish Cobler, Bliss Triumph, Keswick, Kennebec), patates certifiées tardives, patates de table ». Avec l'avènement des chemins de fer, les fermiers s'orientent graduellement vers une agriculture spécialisée et commercialisée. Le Moniteur Acadien du 3 mai 1887 informe que les « Américains paient les patates 75cts. le quart ». Alors, comme aujourd'hui, la récolte est soumise aux aléas de la température. « La pourriture s'attaque aux patates et les fermiers se plaignent que leur récolte vaut à peine le trouble de la ramasser », lit-on dans Le Moniteur Acadien du 23 septembre 1887. Puisque ce malheur frappe surtout les producteurs du Maine, ceux du Madawaska canadien font de bonnes affaires. « Le chemin de fer du N.-B. a déjà transporté 80 000 boisseaux de patates aux États-Unis de la récolte de cet automne dans le Madawaska et les environs. » (Le Moniteur Acadien, 27 septembre 1887).

Le « temps des patates » transforme dès lors la vie rurale de la vallée du Saint-Jean. De partout arrivent des ramasseurs inexpérimentés et très tôt courbaturés sinon éreintés par l'effort déployé pour remplir les barils bien alignés entre les rangs. D'autres s'affairent au transport des « quarts » (barils) jusqu'à la cave, nouveau type de bâtiment qui caractérise aujourd'hui les fermes des gros producteurs de patates spécialement dans la région de Saint-André, de Grand-Sault et de Drummond. Depuis quelques décennies, les cultivateurs de ces localités sont devenus de véritables spécialistes de la culture de la pomme de terre et sont équipés d'une machinerie ultra-moderne.

G. Desjardins
1989
Université de Moncton campus d'Edmundston Société Historique du Madawaska Ville d'Edmundston Patrimoine Canadien