Louis Mercure

« Louis Mercure fut un des fondateurs de l’établissement du Madawaska en 1785. Pendant la Révoltuion américaine, il était un des courriers qui transportaient les dépêches entre Saint-Jean et Québec pour les gouverneurs de la Nouvelle-Écosse et du Canada. Il vivait alors à aukpaque, environ six milles amont de Frédéricton. Mercure était parmi les plus célèbres de ces intrépides messagers qui devraient, l’été en canot d’écorce et l’hiver sur des raquettes franchir une distance de plus de six cents milles au milieu des forêts peuplées de bêtes sauvages et fréquentées par les Indiens ».

Michaud, Guy R. « Brève histoire du Madwaska; Des débuts à 1900 », Éditions GRM, Edmundston, 1984, p. 25

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La vie à la campagne

Dès leur arrivée au Madawaska en 1785, les chefs de famille se partagent des terres sous la direction de l'un des leurs, Louis Mercure, nommé agent de colonisation. Chacun marque les bornes de sa terre à la mode ancestrale « en entaillant quelques arbres et en abattant quelques autres ». Le permis d'occupation est octroyé en février 1787 et, à l'été, l'arpentage officiel est effectué par G. Sproule qui rend hommage aux colons pour l'état avancé du défrichement. Le gouvernement néobrunswickois accorde enfin la propriété de leurs terres aux défricheurs madawaskayens par l'acte du premier octobre 1790 créant la Concession Mazerolle sur les deux rives du Saint-Jean, entre les rivières Iroquois et Verte. Les conditions imposées aux 49 nouveaux propriétaires donnent un aperçu de la vie des premiers cultivateurs de la région :

  • défricher et semer au cours des trois premières années trois acres de terre ou défricher et irriguer trois acres de terre marécageuse pour chaque 50 acres;
  • garder trois bêtes à cornes pour chaque 50 acres non cultivés;
  • construire une bonne maison d'au moins 20 pieds de longueur sur 15 de largeur.

L'Acte spécifie que les colons sont exemptés des rentes pendant les dix premières années d'occupation, après quoi chacun doit « payer au trésor provincial, à la fête de Saint-Michel (29 septembre), une rente annuelle de deux shillings pour chaque 100 acres concédés ».

Le travail ne manquait certainement pas sur la ferme familiale et tous devaient y besogner en toute saison. Faute de documentation écrite, il est impossible de décrire avec certitude la vie rurale du début de la colonie. Si l'on en croit la correspondance des missionnaires et des premiers curés résidants, la première génération de Madawaskayens connut la pauvreté, l'indigence même. Serait-ce à cette époque que la fameuse « ploye » et la savoureuse fougère sont devenues des mets dans le milieu?

Après des années de disette vinrent des années d'abondance, semble-t-il. En effet, à partir des années 1820, une ère de prospérité s'amorce. Le premier historien du Nouveau-Brunswick, Peter Fisher, écrit en 1825 que les habitants du Madawaska sont tous des cultivateurs qui généralement récoltent plus qu'ils ne peuvent consommer, et vendent leur surplus de grains aux commerçants locaux ou à Fredericton. Dans une de ses lettres à son amie de Québec, le jeune docteur Pinquet, alors au Fort Ingall (Cabano), écrit en octobre 1839 : « Madawaska est une place où l'argent circule, dit-on, en abondance et qui renferme des habitants immensément riches ». De fait, au milieu du XIXe siècle, l'économie de la région était prospère, l'organisation de la Société d'Agriculture en 1857 et des Expositions régionales à partir de 1859 en témoignent.

G. Desjardins
1989
Université de Moncton campus d'Edmundston Société Historique du Madawaska Ville d'Edmundston Patrimoine Canadien